L'ouvrage est précieux pour les anciens élèves de
l’École préparatoire de théologie protestante, pour nous autres pasteurs et
pour toute personne intéressée par le protestantisme contemporain. Parce qu'il
raconte l'histoire d'une institution qui a marqué les vies et les ministères de
centaines de pasteurs pendant cinq générations.
Le récit est ordonné selon les déménagements de
l’École à partir de son lieu de création, Lille, en passant par Batignolles,
Saint-Germain-en Laye, Chambon-sur-Lignon, Saint-Cyr-au-Mont-d'Or jusqu'à
Montpellier. L'auteur s'est servi avec
rigueur des archives de l’École et avec bonheur des témoignages d'anciens
élèves.
Quelques questions récurrentes traversent
l'ouvrage. L’École ne se voulait pas une boîte à bachots, mais une communauté
de préparation au ministère pastoral. L'articulation entre exigences
académiques et projet spirituel impliquait une direction bicéphale composée
d'un directeur-recteur et un pasteur-pater. La collaboration des
approches distinctes incarnées par deux têtes n'a pas toujours été évidente.
La présence d'élèves qui n’envisageaient pas des
études de théologie fut opportune pour éviter à la communauté de se refermer
sur elle-même. Mais elle a aussi compliqué la concrétisation de la vocation
ecclésiale que l’École s'était donnée.
Aux jeunes élèves se joignaient des adultes qui
avaient reçu une vocation tardive au ministère pastoral. Malgré les bonnes
dispositions des uns et des autres, la cohabitation d'âges différents avec
leurs divers degrés de maturité a posé problème.
L'École fut fermée en 1990. Pendant un siècle et
demi, celle-ci a fait preuve d'une grande adaptabilité, survivant non seulement
à sept déménagements et trois guerres, mais aussi aux évolutions sociales de la
seconde moitié du 19ème et de la première moitié du 20ème siècles. Les
révolutions culturelles des années soixante et soixante-dix, ont-elles eu un
impact sur l'École et causé sa fermeture ?
Le lecteur n'ignore pas que ces ruptures
socio-culturelles font partie des mutations qui ont profondément transformé la
civilisation occidentale. Si l’École préparatoire fut la réponse adéquate aux
jeunes gens d'origine modeste appelés au ministère pastoral dans les Églises
réformée et luthérienne, elle ne pouvait échapper aux conséquences de la
désaffection religieuse de la génération d'après-guerre. Le déclin des
vocations individuelles entraîna celui de l'institution.
Vingt-cinq ans après la fermeture, la majorité
des candidats au ministère pastoral dans les Églises réformée et luthérienne répondent
à une vocation tardive. Il s'agit de femmes et d'hommes déjà diplômés de
l'Université. Les temps ont changé et les besoins ne sont plus les mêmes.
L’École préparatoire de théologie protestante est
rentrée dans l'histoire. La sienne est traversée de nombreuses histoires
individuelles, riches en anecdotes savoureuses. Elle renvoie en même temps à
l'histoire du protestantisme compact du 19ème siècle, qui est désormais
remplacé par un protestantisme éclaté en pleine recomposition.
Evert Veldhuizen
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