jeudi 5 février 2015

ZORN Jean-François : Une école qui fait date. L'école préparatoire de théologie protestante

L'ouvrage est précieux pour les anciens élèves de l’École préparatoire de théologie protestante, pour nous autres pasteurs et pour toute personne intéressée par le protestantisme contemporain. Parce qu'il raconte l'histoire d'une institution qui a marqué les vies et les ministères de centaines de pasteurs pendant cinq générations.

Le récit est ordonné selon les déménagements de l’École à partir de son lieu de création, Lille, en passant par Batignolles, Saint-Germain-en Laye, Chambon-sur-Lignon, Saint-Cyr-au-Mont-d'Or jusqu'à Montpellier.  L'auteur s'est servi avec rigueur des archives de l’École et avec bonheur des témoignages d'anciens élèves.

Quelques questions récurrentes traversent l'ouvrage. L’École ne se voulait pas une boîte à bachots, mais une communauté de préparation au ministère pastoral. L'articulation entre exigences académiques et projet spirituel impliquait une direction bicéphale composée d'un directeur-recteur et un pasteur-pater. La collaboration des approches distinctes incarnées par deux têtes n'a pas toujours été évidente.

La présence d'élèves qui n’envisageaient pas des études de théologie fut opportune pour éviter à la communauté de se refermer sur elle-même. Mais elle a aussi compliqué la concrétisation de la vocation ecclésiale que l’École s'était donnée.

Aux jeunes élèves se joignaient des adultes qui avaient reçu une vocation tardive au ministère pastoral. Malgré les bonnes dispositions des uns et des autres, la cohabitation d'âges différents avec leurs divers degrés de maturité a posé problème.

L'École fut fermée en 1990. Pendant un siècle et demi, celle-ci a fait preuve d'une grande adaptabilité, survivant non seulement à sept déménagements et trois guerres, mais aussi aux évolutions sociales de la seconde moitié du 19ème et de la première moitié du 20ème siècles. Les révolutions culturelles des années soixante et soixante-dix, ont-elles eu un impact sur l'École et causé sa fermeture ?

Le lecteur n'ignore pas que ces ruptures socio-culturelles font partie des mutations qui ont profondément transformé la civilisation occidentale. Si l’École préparatoire fut la réponse adéquate aux jeunes gens d'origine modeste appelés au ministère pastoral dans les Églises réformée et luthérienne, elle ne pouvait échapper aux conséquences de la désaffection religieuse de la génération d'après-guerre. Le déclin des vocations individuelles entraîna celui de l'institution.

Vingt-cinq ans après la fermeture, la majorité des candidats au ministère pastoral dans les Églises réformée et luthérienne répondent à une vocation tardive. Il s'agit de femmes et d'hommes déjà diplômés de l'Université. Les temps ont changé et les besoins ne sont plus les mêmes.

L’École préparatoire de théologie protestante est rentrée dans l'histoire. La sienne est traversée de nombreuses histoires individuelles, riches en anecdotes savoureuses. Elle renvoie en même temps à l'histoire du protestantisme compact du 19ème siècle, qui est désormais remplacé par un protestantisme éclaté en pleine recomposition.
                   

Evert Veldhuizen

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