lundi 28 octobre 2019


La solitude dans le ministère pastoral
Nicolas Cochand, Institut protestant de théologie, Paris
(contribution à la pastorale 2019)


Le sujet de la solitude est à la fois intéressant et délicat.
Je le trouve intéressant parce qu’il permet de poser une question anthropologique fondamentale en lien avec une problématique de théologie pastorale, mais délicat car il s’agit de parler d’une expérience qui est évidente pour les uns, mais qui suscite également de l’incompréhension voire du déni pour d’autres.
Toutefois, le simple fait que le thème a été choisi pour une pastorale nationale suffit à indiquer qu’il s’agit d’une expérience commune de beaucoup de pasteurs sinon de chacun.e. Je pars donc du principe que je n’ai pas à démontrer la réalité de l’expérience d’un sentiment de solitude, mais qu’il me revient d’en discerner divers aspects, d’en extraire une dimension positive, d’en interpréter les dimensions négatives et de faire quelques suggestions de prise en charge.



Par cette introduction, je tiens d’abord à donner place à la souffrance qui peut être associée au sentiment de solitude. Elle est réelle, elle est à chaque fois inscrite dans une trajectoire personnelle, et il est important de l’entendre. En aucun cas ce qui suit ne saurait être interprété comme un jugement porté sur cette expérience.
J’aimerais donc m’efforcer d’analyser et de comprendre le phénomène qui nous occupe. Je le ferai sous trois angles. Je commencerai par affirmer qu’une part de solitude fait partie de la condition du croyant devant Dieu. La solitude est à intégrer, positivement, dans une anthropologie théologique. Ensuite, je prendrai en compte quelques caractéristiques du ministère pastoral pour indiquer en quoi elles comportent des risques de solitude. Une réflexion de théologie pastorale ne peut faire l’impasse sur la dimension de la solitude que peut générer une fonction particulière. Enfin, je me propose d’éclairer l’expérience du sentiment de solitude en reprenant une question anthropologique spécifique, celle de la reconnaissance, à partir, notamment, des réflexions de Paul Ricœur à ce sujet.

Évocation biblique
Quelques mots, donc, pour commencer, sur la possibilité d’une perception positive de la solitude. Celle-ci fait partie de la condition croyante. La relation personnelle à Dieu comporte une part irréductible, intime, secrète, dont nul n’a à rendre compte. Je l’évoquerai par un rapide coup d’œil sur quelques textes bibliques.
Les Évangiles montrent à de multiples reprises Jésus se retirant pour prier. Solitude et proximité de Dieu ne s’opposent pas, au contraire. Certes, le passage au désert est aussi celui de la tentation. La solitude, l’absence, n’est pas en soi un lieu spirituel, un espace bienfaisant. Mais les Évangiles suggèrent, à l’exemple du Christ, que la vie spirituelle intègre des temps de solitude.
La figure d’Elie est au centre d’un récit qui va jusqu’à formuler un désir de mort du prophète. Il ne cache donc rien de la difficulté d’être porteur d’une parole. Autant la figure de Jonas, par exemple, n’est pas dénuée de ridicule lorsque le prophète dit vouloir mourir, autant on ne peut pas dire la même chose d’Élie – sans nous prononcer sur la nature et les conséquences de ses agissements à l’égard des prophètes de Baal. Mais pour lui, cette même solitude va le conduire jusqu’à l’expérience d’une présence de Dieu, dans le bruissement d’un silence.
Évoquons encore deux éléments du Nouveau Testament. Dans l’Évangile de Marc, quand les disciples reviennent de mission, ils rapportent à Jésus ce qu’ils ont dit et fait. Alors celui-ci leur dit : « Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. » (Mc 6,31). Cette proposition n’aboutit pas vraiment dans le récit, la foule l’empêche et ce sera l’occasion d’une multiplication des pains. Mais la recommandation n’est pas pour autant à évacuer. J’y entends la reconnaissance d’une nécessité de temps d’isolement, de repos, de protection, pour les porteurs de l’annonce évangélique.
Enfin, j’aimerais noter l’invitation du Christ matthéen dans le Sermon sur la montagne : « Mais toi, lorsque tu pries, entre dans la pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Mt 6,6). La prière est ici le lieu d’un dévoilement intime, d’une intériorité révélée qui va de pair avec une solitude choisie. De manière intéressante, les propositions concernant l’aumône, la prière et le jeûne contenues dans ce discours opèrent toutes par une mise en contraste entre, d’un côté, l’attitude visant à agir de manière à être vu, à être reconnu – le texte parle de récompense – et, de l’autre côté, l’attitude prônée par le Christ, qui implique une part de renoncement à cette reconnaissance sociale. J’aurai l’occasion de revenir sur ce thème.
Pour l’instant, j’aimerais retenir de cette évocation rapide de quelques figures et passages bibliques le fait que nous y retrouvons un caractère ambigu de l’expérience de la solitude, entre désespoir et tentation, d’un côté, présence divine et relation intime, de l’autre, mais aussi la reconnaissance du besoin d’être préservé de l’envahissement des sollicitations par des temps de mise en retrait.
J’ai bien conscience de procéder ici de manière très cavalière avec le texte biblique, par évocation et allusion, de sorte que je ne vais certainement pas en faire le point de départ d’une injonction ou d’une recommandation. Les quelques éléments que nous venons de synthétiser signalent toutefois deux aspects que nous pouvons prendre en compte : l’ambivalence de l’expérience de la solitude, premièrement, mais aussi la possibilité de la prendre en compte comme un élément constitutif de la relation à Dieu et de la vie spirituelle.
Ces deux aspects méritent d’être conservés en mémoire, aussi bien pour les personnes concernées – individuellement et collectivement – que pour l’institution ecclésiale appelée à donner un cadre et un soutien à l’exercice du ministère.

Le ministère pastoral, une situation particulière
Dans un deuxième temps, j’aimerais signaler quelques aspects du ministère qui peuvent contribuer à renforcer le phénomène du sentiment de solitude.
Je dis renforcer car la solitude n’est pas une expérience propre au pasteur, d’autres catégories professionnelles et d’autres types de situation peuvent connaître une telle expérience, parfois avec des conséquences dramatiques. On a notamment évoqué des vagues de suicides chez certains grands opérateurs de l’économie française.
On a émis l’hypothèse qu’une des causes majeures du mal-être professionnel provenait du fait d’être soumis à des injonctions contradictoires, par exemple entre la disponibilité pour le client et l’exigence d’efficacité et de résultat en termes de chiffre d’affaire, conduisant à une perte de sens et d’orientation.
Par ailleurs, on peut aussi relever que les fonctions de cadre, dans lesquelles on peut ranger le ministère pastoral – du point de vue des tâches, mais pas forcément des responsabilités et certainement pas de la rémunération ! – font que la personne en charge peut éprouver une solitude par rapport à la structure et aux personnes avec qui il évolue.
Enfin, notons encore que l’ensemble des catégories professionnelles dont l’activité est centrée sur le contact, l’accueil et la prise en charge des personnes fait l’expérience de tensions entre l’institution qui les porte, l’autorité de référence et les personnes qui leur sont confiées. Dans ce contexte général, quelles sont les spécificités du ministère pastoral ?
J’aimerais reprendre l’idée d’injonctions contradictoires en lien avec ce qui me paraît être deux aspects propres, en tout cas forts, de l’expérience du ministère pastoral.
Premièrement, le ministère est encadré par un ensemble de dispositifs structurels et organisationnels autour du statut, de la nomination, du mandat, du cahier de charges, des objectifs et de l’évaluation périodique. Il y a un risque de maltraitance institutionnelle à ne pas négliger car ce cadre peut devenir le lieu de l’expérience d’un sentiment de solitude extrême lorsque les conditions de confiance ne sont pas réunies.
Deuxièmement, le pasteur est en permanence confronté à des projections d’un idéal pastoral, souvent non conscientes, parfois formulées agressivement. De plus, la personne elle-même est portée par un idéal, qui souvent l’a amenée à entreprendre une formation théologique en seconde voire en troisième voie et à embrasser le ministère pastoral sur le tard. La confrontation avec une réalité complexe et parfois insatisfaisante, mais aussi celle avec l’idéal projeté sur elle, peut devenir un facteur de solitude. J’ai développé par ailleurs cette question de l’idéal projeté, en différenciant les points de vue[1].

La crainte de la solitude sociale est souvent évoquée par les futurs ministres qui appréhendent le déracinement régulier, notamment celui du premier poste. Je note également la situation de personnes vivant seules, qui parfois rencontrent des difficultés à prendre distance de leur activité.
La question du secret professionnel ou pastoral est souvent aussi mise en avant comme un facteur générateur de solitude par les personnes qui envisagent un ministère. A l’expérience, je n’ai pas l’impression que cela soit le cas, mais sans doute faut-il porter attention à ce que l’on peut ou non partager avec son conjoint, par exemple.
Dans ce même registre de la relation aux proches, il convient encore d’évoquer la difficulté de se sentir porté dans un ministère qui exige disponibilité pour les autres, horaires déstructurés, absences en soirée et occupation pratiquement tous les week-ends.
Le point focal de la problématique, à mon sens, est que la fonction pastorale met au cœur de la visibilité et de l’exposition publique un domaine, celui des convictions, de la spiritualité, de la foi, qui relève du personnel et de l’intime. De ce fait, la protection de la sphère personnelle, le ressourcement, la vie spirituelle propre constituent des lieux d’attention permanente.

Une certaine faiblesse institutionnelle
Je voudrais me référer ici à un petit ouvrage d’un pasteur suisse, Claude Vallotton, qui s’intitule Vers une Église plus crédible. Il fait quelque chose de très contestable mais en même temps très révélateur. Ce qui est discutable, c’est qu’il reprend des concepts de l’évolution psycho-sociale de la personne pour les appliquer à des groupes ecclésiaux. Il s’appuie sur le modèle de l’évolution de la personne par stades et crises successives, celui d’Erikson, pour interpréter des difficultés qu’il a rencontrées dans des groupes ecclésiaux auprès desquels il a été appelé à intervenir. C’est donc très contestable du point de vue de la méthode, mais c’est éclairant. Je cite un passage de sa conclusion : « [parmi les troubles que j’ai présentés,] les trois suivants occupent une place centrale : la demande insistante supprimant la distance entre les êtres, la confusion de l’institutionnel et du personnel, la difficulté à nommer le sens[2]. »
Il poursuit (ibid.) : « Le contexte ecclésial offre un terrain favorable pour vivre ces tensions et pour les comprendre. Cependant les Églises utilisent peu leur capacité de prendre du recul. Elles oscillent entre le repli dans les sacristies dogmatiques, liturgiques ou éthiques et une ouverture à la société, en reprenant sans trop y réfléchir les dernières trouvailles du management ou du marketing. Elles vivent en deçà de leurs possibilités et sous-estiment les potentialités de leurs institutions et des personnes qui les animent. » L’hypothèse principale de Vallotton est que les tensions sont des phénomènes normaux dans les groupes humains, mais que le milieu ecclésial tend à les durcir et à mal les gérer. Il observe que l’on confond trop souvent les niveaux, entre l’institutionnel et le personnel, entre la fraternité requise et la distance à maintenir dans un juste respect des personnes, et dans l’activisme qui tend à perdre de vue la finalité et le sens de la mission qui est confiée à l’Église.
A mon sens, le sentiment de solitude naît souvent de situations de tensions niées ou mal gérées, dont on se sent prisonnier, où le fait de ne pas trop savoir où se tourner pour en parler peut faire grandir une perception négative et destructrice d’isolement de la personne dans la fonction qu’elle porte et qui lui pèse de plus en plus, du moins certains aspects. Si je détourne un peu Vallotton de son objet, je dirais que les enjeux centraux pourraient se trouver dans une juste distance entre les personnes, dans une clarification de l’articulation entre l’institutionnel et les personnes qui en ont la charge, et dans le retour constant à la finalité, au sens de notre action et de notre engagement.

En conclusion de cette deuxième partie, je considère qu’il n’y a pas un facteur spécifique, mais un ensemble d’éléments qui peuvent contribuer à faire émerger ou à renforcer un sentiment de solitude.  Il n’en va pas de chercher à éliminer la solitude, mais de s’efforcer de lui rendre sa juste place, et si possible d’en retrouver une perception positive. Cela peut s’opérer à plusieurs niveaux qui ne s’excluent pas mais au contraire s’articulent les uns aux autres : par la recherche d’une meilleure assise spirituelle, par un travail d’interprétation théologique, par une clarification institutionnelle et par une mise en réseau social. Par théologique, j’entends une recherche qui porte moins sur des contenus que sur la capacité de comprendre et d’interpréter des situations à la lumière de contenus de nature diverse[3].
Une part de ce travail est éminemment personnelle : le travail spirituel, théologique et relationnel ne peut pas être prescrit, d’autant qu’il s’inscrit nécessairement dans une histoire et une trajectoire personnelle.
Mais il y a aussi une dimension institutionnelle. Les indications du terrain suffisent à montrer le potentiel de désordre et de destruction de l’institution ecclésiale lorsqu’elle ne se donne pas les moyens d’un recul critique régulier sur son organisation et sur les interactions qui s’y jouent. Il est du devoir de l’institution ecclésiale de veiller à la clarté des processus et des fonctionnements, mais aussi de soutenir, d’accompagner et de protéger les personnes actives dans les ministères qu’elle leur confie.

Une place pour l’APF ?
Je me demande s’il n’y a pas ici un lieu possible pour un tiers, que pourrait être l’APF, qui pourrait offrir une structure de soutien, en posture de neutralité bienveillante. Face au refus répété, dans l’EPUdF et avant cela dans l’ERF, de mettre en place un service de supervision pastorale, tel qu’il existe, par exemple, en Suisse romande, l’APF pourrait prendre un rôle actif dans la promotion d’un service de ce type, qui serait à disposition non pas pour intervenir en Église locale, mais pour accompagner, écouter et soutenir celles et ceux de ses membres, pasteurs, qui feraient appel à un tel service. La supervision pastorale ne peut pas être prescrite. Mais elle peut être reconnue comme un service utile à l’Église et aux personnes.

Solitude et besoin de reconnaissance
J’entre maintenant dans la troisième et dernière partie de mon apport, pour laquelle j’ai pensé utile de reprendre la notion de reconnaissance. En effet, je me demande si, dans le sentiment de solitude, il n’y a pas quelque chose de l’ordre d’un besoin ou d’un désir de reconnaissance bafoué – on a parlé, à ce sujet, de méconnaissance.
Paul Ricœur a consacré un ouvrage à analyser la thématique de la reconnaissance ; c’est pratiquement sa dernière publication[4]. J’aimerais en relever brièvement la source principale, commenter un aspect de son développement et proposer un regard théologique sur la question.
Ricœur se réfère explicitement à un philosophe et sociologue allemand, Axel Honneth[5]. Chez ce dernier, il convient de parler de philosophie sociale plutôt que de sociologie dans la mesure où l’approche n’est pas prioritairement empirique mais réflexive et critique (Honneth peut être rattaché à l’école de Francfort). Honneth lui-même part d’une proposition de Hegel, qu’il estime être le premier à reprendre et à développer. S’appuyant également sur les approches psycho-sociales et psycho-affectives de Mead et de Winnicott, Honneth propose de distinguer trois types, ou trois niveaux de la reconnaissance : un niveau psycho-affectif, où se développe en particulier la confiance en soi ; un niveau qu’il qualifie de juridique, où se développe en particulier le respect de soi, et un niveau qu’il qualifie d’éthique ou de social, où se développe l’estime de soi. Il en va d’être reconnu dans sa personne, dans son statut particulier et dans son action. Comme l’indique le titre de son ouvrage, pour lui, la vie sociale est le lieu d’une lutte pour la reconnaissance. Celle-ci prend une forme individuelle, mais elle a aussi, dans le monde contemporain, une forte dimension collective.
Ricœur reprend largement les réflexions d’Honneth. Il commence toutefois en explorant le champ sémantique du verbe reconnaître. Dans un premier temps, ce verbe désigne un processif d’identification, un processus cognitif, donc, où ce qui est rencontré est associé à ce que l’on connaît déjà : « ah oui, je te reconnais. » Il souligne ensuite que la quête de la reconnaissance implique un passif, celui d’être reconnu, de recevoir reconnaissance, acte qui peut, à son tour, générer un actif, celui de la gratitude, qui désigne encore un autre aspect du champ sémantique de la reconnaissance. On peut entendre, de manière sous-jacente – Ricœur met ici en œuvre une herméneutique philosophique plutôt que théologique –, le parcours de la reconnaissance comme une manière d’expliciter un parcours existentiel en écho de la grâce divine, comprise comme reconnaissance inconditionnelle, à laquelle la réponse de foi est de l’ordre de la gratitude.
L’approche de Ricœur nous invite à mettre en lien et en tension l’accueil inconditionnel que constitue la grâce divine et la quête de reconnaissance qui caractérise les interactions humaines. En perspective chrétienne, nous ferons de la grâce première le socle de toute reconnaissance véritable. Mais nous éviterons également de faire de la grâce la simple réponse à un besoin humain. La reconnaissance sociale est une quête sans fin, car elle ne trouvera jamais de réponse définitive[6]. Accueillir la grâce, c’est aussi reconnaître sa condition pécheresse, dont on peut dire, pour rester dans le même registre, qu’elle est nourrie de l’illusion que nous pouvons parvenir à la pleine reconnaissance par notre personne, notre statut et notre activité. À l’inverse, nous nous garderons également de nier la réalité du besoin humain de reconnaissance. Le travail spirituel et théologique peut aider à lui restituer sa juste place.
Les distinctions qu’opère Honneth peuvent nous aider à discerner sur quel plan nous nous situons lorsque nous interprétons un sentiment de solitude comme l’expression d’une absence de reconnaissance ou d’une méconnaissance. En va-t-il de notre personne, de notre besoin d’être accueilli, reconnu et aimé ? En va-t-il d’un juste respect de notre statut de pasteur, d’un anticléricalisme larvé, d’un conflit d’image du ministère ? En va-t-il de notre travail, de nos compétences, de notre manière d’agir dans le ministère et de l’habiter ?

Conclusion
Après avoir relevé la part de solitude inhérente à la rencontre du croyant avec Dieu, j’ai relevé quelques enjeux de l’expérience de la solitude dans le ministère, en soutenant que si une part de la prise en charge revient à la personne, des responsabilités collectives sont aussi en cause. L’institution ecclésiale souffre d’une inaptitude récurrente à affronter les tensions que tout groupe humain génère et tend au contraire à les amplifier. J’ai identifié là un lieu possible d’action pour l’APF. Enfin, j’ai proposé d’interpréter la problématique de la solitude pastorale à la lumière de la thématique de la quête de reconnaissance, comme relecture de l’expérience de la grâce. J’espère avoir ainsi contribué à éclairer et à articuler les enjeux révélés par l’expérience de la solitude pastorale. Nous sommes appelés à distinguer ce qui est de l’ordre de l’existence croyante devant Dieu, qui éclaire toute vie spirituelle et toute prédication de l’Évangile, de ce qui relève d’une attente légitime de reconnaissance, de la part du pasteur, dans sa personne, dans sa fonction et dans son action.



[1] Voir Nicolas Cochand, « Les ministres : des signes en chair et en os ? », dans Les Eglises au risque de la visibilité (Cahiers de l'IRP, Hors-série 2), Lausanne, 2002, p. 119-126.
[2] Claude H. Vallotton, Vers une Église plus crédible, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 115.
[3] Voir par exemple Identité théologique des pasteur(e)s ? Un débat, Cahiers de l’IRP 33, 1999, accessible en ligne : http://wp.unil.ch/lescahiersiltp/files/2019/01/CahiersIRP_n.33_1999.04-compressed.pdf (consulté le 19 juillet 2019).
[4] Paul Ricoeur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Paris, Stock, coll. « les essais », 2004.
[5] Voir Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Cerf, coll. « Passages », 2010 (allemand 1992).
[6] Telle est la perspective de Pierre Paroz, La reconnaissance. Une quête infinie ?, Genève, Labor et Fides, coll. « Lieux théologiques », 2011. Il se réfère à Axel Honneth, mais pas à Ricœur. Il cherche à montrer, par une comparaison très didactique avec différents récits mythologiques, la spécificité chrétienne de la grâce qui n’est pas une réponse, mais une offre

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